Action, Drame, Policier

Born to Be Wild (1995)

Savage

Avec son premier long-métrage, A Day Without Policeman (1993), Johnny Lee Gwing-Gaai avait déjà pu sonder la noirceur de l’âme humaine, notamment en traitant de la folie. Un thème qu’il reprenait pour son troisième long, le drame policier Born to Be Wild (1995).

A Shenzhen, Kei (Chin Ho), champion national de kung-fu gagne sa vie comme instructeur d’art-martiaux pour le compte des forces de l’ordre. Il y partage une forte amitié avec Chi (Frankie Lam Man-Lung), également policier. Les deux hommes font la connaissance de Miu (Farini Cheung Yui-Ling) et Chung Ching (Lee Lei) dont ils tombent amoureux. Pourtant lors d’une enquête anodine, ils découvrent que leurs petite-amies travaillent comme hôtesses de bar. Se sentant trahi, Chi préfère mettre un terme à sa relation avec Chung Ching. Quant à Kei, il tente de comprendre mais Miu rompt avec lui. Cette rupture entraine alors une remise en cause de l’instructeur de la police…

Dans Born to Be Wild, la Chine Populaire avance. Une Chine qui est en marche, s’ouvrant au capitalisme avec ses immenses centres commerciaux, ses sodas étrangers consommés, ses marques de luxe portées,… mais pas seulement. On y découvre surtout une terre accueillant ces hommes d’affaires hongkongais se payant du bon temps. Entendez par-là le fait qu’ils consomment des chinoises qui se prostituent. Prostituées pour certaines, concubines pour d’autres, Johnny Lee offre un portrait de la femme chinoise peu reluisant. En effet, ici pas de prostitution qui serait la cause de la misère, non mais une prostitution à but matérialiste. La femme chinoise de Born to Be Wild est une femme vénale, employée de bureau le jour, escort girl la nuit, préférant même se prostituer que finalement avoir un travail lambda. A partir de là, Johnny Lee qui s’adjoint à l’écriture les services de Lee Man-Choi livre l’histoire d’un homme qui perd pied, semblant aussi s’inspirer de faits divers (enlèvement, séquestration, rançon d’hommes d’affaires hongkongais).

Cet exemple national, respecté de ses pairs va perdre la tête à cause de l’amour qu’il éprouve pour une femme, celle qui le quitte pour mener la vie de château. Cause à effet, le personnage campé par Chin Ho (excellent de bout en bout) développe alors une véritable haine pour les hongkongais qu’il considère comme fautifs, ces hommes qui viennent « prendre les femmes des locaux ». Une haine si exacerbée qu’il prend une voie violente où l’on assistera à des meurtres sanglants et gores jusqu’à le voir user de ses dernières forces en cavale. Avec Born to Be Wild, Johnny Lee prend le soin de développer la psychologie de son personnage et narre avec une certaine forme d’intelligence la déchéance dont il est frappé. L’amour aveugle, l’animosité de l’étranger et la perte de sa condition sociale sont autant d’éléments qui amènent son auto-destruction.

Born to Be Wild aurait pu être de ces Category 3 sur un tueur psychotique emporté par l’histoire contemporaine qui se joue (l’approche de la rétrocession). Pourtant, il n’en est rien. Il échappe sans doute à cette classification parce que n’affichant aucune nudité. Il n’empêche, il aurait mérité ce label de l’interdit tant il livre un portrait sans concession sur les chinoises du continent, son personnage violent atteint de folie meurtrière et le propos qui se joue en filigrane sur la Chine continentale. Born to Be Wild se révèle digne d’intérêt, à défaut d’être un bon film il a quelques qualités qui le rendent appréciables.

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Fiche du film.

Merci à JimmyWang (LD)

Intertitre de la troisième partie…

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Carton de fin…

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