Youth
Comédie dramatique sur les relations amoureuses adolescentes, Teenage Dreamers (1982) de Clifford Choi Gai-Gwong (également scénariste) suit le quotidien doux amer d’une poignée de jeunes filles. On y suit donc l’existence de quatre amies entre les cours au lycée, les sorties et les premiers émois amoureux.
A l’occasion du spectacle de fin d’année, Ting Ting (Elaine Chow Sau-Lan) fait la connaissance de Chen (Leslie Cheung Kwok-Wing). Elle va interpréter Juliette tandis qu’il va camper Roméo. Plus le temps passe et plus ils se rapprochent l’un de l’autre. Parallèlement, Lulu (Chan Pui-Sai), la forte tête de la petite bande qui gagne notamment sa vie comme hôtesse apprend à connaitre Jimmy Wong (Wen Fong), le nouveau professeur d’anglais…
Sucré comme la boisson dont fait référence le titre original (Coca citron) pourrait résumer ce troisième film de Clifford Choi, Teenage Dreamers. Mais pas seulement. Si l’on suit une bande de lycéennes insouciantes s’amusant de la vie et des garçons, il y a également un aspect plus amer, notamment pour la romance qui apporte indubitablement son lot de désillusions. A travers un portrait succinct de chacune d’elles, Clifford Choi nous montrent des jeunes filles qui proviennent toutes de milieux sociaux différents. En quelques plans, il les caractérise, sans appuyer et en faire des caricatures sur pattes. Elles dégagent toutes une sensibilité propre à cet âge entre la vie d’adulte et celle de l’enfance qui parait bien loin. L’une d’elle pourtant, Lulu a déjà en elle ce côté adulte qui la rend décalée au reste de ses camarades de classe. A travers elle, Clifford Choi montre également le visage d’une jeunesse qui vogue dans l’univers des accompagnatrices de night-club, jamais bien loin de celui de la prostitution.
Teenage Dreamers, c’est ce film qui réalise le constat d’une jeunesse à un instant T et qui tranche avec les générations précédentes. Ici, le consumérisme (avoir des vêtements de marque), les aspirations romantiques et les sorties en boîtes de nuit changent la donne. Ils deviennent un leitmotiv. A contrario, les études passent en second plan. A ce propos, on assiste amusé à la scène de triche lors d’un examen. L’insouciance donc mais aussi la réalité qui frappe. Qu’elle soit ce premier amour consumé et déchirant que le vrai visage d’un homme idéalisé. Ici, Clifford Choi tente donc d’offrir le portrait d’une jeunesse, celle de ce début des années 80 à la fois conformiste mais également rebelle. Avec lucidité et une certaine forme d’idéalisation, il participait ainsi à un genre de film à part entière, celui de la comédie dramatique adolescente. A travers lui, il engage ses personnages sur ce passage tourmenté, celui censé les emmener vers la vie d’adulte.
Teen movie sous l’égide de la Shaw Brothers et en pleine Nouvelle Vague hongkongaise, Teenage Dreamers est donc un film pour et sur les adolescents se trouvant aux portes du monde adulte. Ce passage sur lequel ils se trouvent prend tout son sens avec l’interprétation de la pièce de Roméo et Juliette de William Shakespeare. Elle fait écho aux personnages dépeints. La mort des personnages joués faisant également et d’une certaine façon résonance à une part d’eux-mêmes perdue.
Merci à valorasII (DVD)