Amour profond, tendres pensées
Il est surprenant de voir le réalisateur de Krazy Kops (1981), Wong Chi aux commandes de ce My Beloved (1982). Surprenant parce que son premier long-métrage était une pure comédie, jamais sérieuse et souvent délirante. Ici, c’est un peu comme s’il réalisait un grand écart puisqu’il nous plonge dans un thriller dramatique teinté de romance sans lendemain.
Candice Yu On-On interprète le rôle d’une jeune femme qui a quitté son Macao natal pour travailler à Hong Kong. Elle y suit et aide des jeunes marginaux, le plus souvent en emprise directe avec la violence de la rue. Lasse d’un mariage qui bat de l’aile, elle quitte son mari et semble vouloir mener une vie dissolue. Elle fait alors la connaissance d’un homme d’affaire (Ko Hung), tout en côtoyant un voyou (Alex Man Chi-Leung) qui vit de petit boulot…
Ce second long-métrage de Wong Chi voit le jour en pleine Nouvelle Vague hongkongaise à laquelle son auteur est associé, sans pour autant avoir été considéré comme un réalisateur essentiel. Encore un pied dans les productions de télévision et metteur en scène de deux films seulement durant cette période, Wong Chi n’est donc pas perçu comme un personnage influent de cette mouvance. S’il semble être un réalisateur anecdotique, force est de constater que son My Beloved a des arguments à défendre. On reconnait d’ailleurs le nom de Lee Dang dans le trio de scénaristes qui ont enfanté ce thriller. On lui doit la participation à des scénarios de quelques perles comme Cops and Robbers (1979) et The Beasts (1981). Un scénariste qui est donc capable de proposer une histoire propice à sortir des carcans habituels, et ainsi offrir un récit lorgnant aussi bien dans le classique que dans les inspirations « très » films d’exploitations.
Très vite, il y a comme une certaine maturité qui se dégage de My Beloved. Wong Chi adopte une mise en scène posée, où il laisse suinter une atmosphère sereine mêlée à un malaise ambiant. Il en ressort un sentiment bizarre, impalpable qui ne permet au spectateur d’appréhender la situation dans sa totalité, mais qui est assez intrigante pour susciter l’envie de suivre son personnage principal. Ce personnage féminin qui se débarrasse de toute contrainte sociétale et fait voler en éclat tous les artifices d’une vie rangée. Confrontée à la violence de la rue et à la mort, elle réalise un constat sans appel sur son existence et de celles qui l’entourent. Elle goûte à chaque instant comme s’ils étaient les derniers. Elle se perd dans les bras des hommes. Elle décide alors de rompre avec sa vie maritale et professionnelle pour vivre une existante sans contrainte, au plus près de la rue, une vie plus simple mais également à fleur de peau, marquée par son enfance et les agissements de sa mère.
My Beloved expose alors le portrait d’une femme qui se veut libérée mais qui de façon consciente se laisse emprisonnée dans une situation critique. De façon implacable les évènements se mettent en place. Elle devient l’élément perturbateur dans la relation d’un couple. De fil en aiguille, un étau va se refermer sur cette poignée de personnage, dont l’amour est au cœur de leurs désagréments. L’odeur du sang et de la mort plane alors. On assiste à une tragédie qui se joue et qui atteindra son point d’orgue lors du final ensanglanté. Le personnage d’Alex Man accompagné de son acolyte livre bataille à coup de machette dans une frénésie meurtrière. Les petits voyous qu’ils sont affrontent les « gros poissons » du monde criminel. Cette romance sanglante s’avère prenante parce maitrisé d’un point de vue technique mais également dans les interprétations. On assiste à quelques scènes qui plairont à l’amateur de film d’action et du film noir.
En définitive, My Beloved offre un intérêt certain. Sur la forme, Wong Chi propose une mise en scène au plan travaillé, pensé et à la structure solide. Sur le fond, son récit narre le portrait d’une femme quittant une vie normée pour une existence non-conformiste mais pas que. My Beloved témoigne aussi et surtout de l’amour et des sacrifices qu’on serait capable de réaliser pour lui.
A noter que j’ai malheureusement vu My Beloved en version originale sans sous-titre. Des sous-titres qui auraient apporté une autre dimension à un film aux qualités indéniables.
Merci à zhengtaofeng (VCD)
Joli chro!!
ce qu’en j’en avais aperçu m’avait convaincu a tenter la no-sub experence
Merci !
C’a le mérite d’être tenté. Mais du coup, p’tite frustration sur ce qui peut se dire par moment.