Les peurs
Troisième long-métrage de Dennis Yu Wan-Kwong qui s’inscrit dans la Nouvelle Vague HK, The Imp (1981) est un thriller surnaturel qu’on pourrait rapprocher aussi bien d’un Rosemary’s Baby de Roman Polanski, tout en pensant au cinéma de Dario Argento ou bien encore de films comme L’Exorciste de William Friedkin et La Malédiction de Richard Donner. Des influences occidentales qui servent bien entendu une vision purement chinoise qui parlera avant tout aux locaux (référence au calendrier chinois, date de naissance, Feng shui et j’en passe).
Keung (Charlie Chin Chiang-Lin) dont la femme, Lan (Dorothy Yu Yee-Ha) est enceinte cherche désespérément un emploi. Alors qu’il se rend à un entretien d’embauche, il apprend qu’un fait divers a eu lieu sur place. Au milieu des badauds, il croise le chemin du cadavre ensanglanté qu’on évacue sur une civière. Le soir venu, des circonstances qui semblent troublantes pointent une annonce d’embauche. Keung devient veilleur de nuit dans un centre commercial. Dès son premier soir de travail, il vit d’étranges phénomènes. Il apprend que l’édifice cache un passé obscur. Il est alors persuadé qu’un esprit hante les lieux, esprit qui semble s’immiscer dans sa vie, celle de sa femme ainsi que le futur bébé qu’ils attendent…
En réunissant un trio de scénaristes (Gam Bing-Hing, Lee Dang, Cheung Gam-Moon) qui s’est notamment illustré de façon éparse dans des scénarios aussi divers que The Beasts, Nomad, Marianna, Cops and Robbers ou encore Gun is Law, Dennis Yu fait appel à une force vive pleine d’audace, contrastant avec un cinéma existant. The Imp qu’on pourrait qualifier de « commercial » parce que lorgnant dans l’épouvante-horrifique traite son sujet fantastique de façon réaliste. On met ici, toute caricature (personnages comme prestations) de côté, comme l’on évite les pointes humoristiques qui pourraient désamorcées toute tension. Ce ton « sérieux » qui ancre son récit dans un contexte social et mettant en scène une approche travaillée (photographie, montage) créent une ambiance singulière emprunte de mystère. Cet ensemble se veut alors effrayant bien que l’on n’évite pas des moments parfois bancals. The Imp est de nature faussement lente. L’atmosphère devient de plus en plus chargée à mesure que l’intrigue avance (voir le travail sur le rouge et le vert). Elle est jonchée de cadavres et se ponctue de façon glauque. On assiste dès lors à un combat contre fantôme où un maître Feng shui (Yueh Hua) s’invite ainsi que des morts-vivants et un face à face cauchemardesque dans les sous-sols du centre commercial. La tension atteindra son paroxysme jusqu’à cette image finale figée.
The Imp est un thriller surnaturel de bonne facture qui interpellera le spectateur. Plus encore avec cette scène finale lugubre qui apportera son lot d’interrogations faisant froids dans le dos. Est-ce que l’esprit a atteint son objectif ? Où est-ce que le sort a été rompu ? Ou peut-être… rien de tout cela… frisson. A voir donc.
Merci à unrealbe (DVD)