Action, Comédie, Drame

Final Victory (1987)

Green hat

Sur un scénario de Wong Kar-Wai (qui passait peu de temps après à la réalisation de son premier long), Final Victory (1987) est la cinquième mise en scène de Patrick Tam Kar-Ming. Ce dernier détourne les codes du polar et offre pour l’occasion un melting-pot des genres enivrants.

Bo (Tsui Hark) est un petit malfrat qui va devoir faire un séjour en prison mais avant, il confie à Hung (Eric Tsang Chi-Wai), son meilleur ami, couard de première et accessoirement bras droit les rennes de son petit royaume. Un royaume qui se résume essentiellement aux relations amoureuses qu’il entretien avec deux femmes qui ne se connaissent pas. La première, Ping (Margaret Lee Din-Long) est une joueuse invétérée qui perd tout ce qu’elle a au mahjong. Situation qui met Hung dans l’embarra et l’oblige à trouver une forte somme d’argent au plus vite. La deuxième, Mimi (Rachel Lee Lai-Chun) est une jeune femme dont il tombe amoureux. Rien ne va plus et lorsque Bo découvre le poteau rose, sa sortie imminente n’en est que plus tendue…

Production de John Sham Kin-Fun, Final Victory est un thriller dramatico-comico-romantique qui dynamite l’ordre établi du film noir. Si les personnages sont poussés à une caricature outrancière (voir Bo), ce n’est que pour mieux les détourner. Cette course folle filmique à l’aura parfois irréelle dans laquelle Patrick Tam nous jette en pâture se paie même le luxe d’offrir un anti-héros (Hung) comme personnage principal. Un personnage peureux, complètement dépassé par les évènements qui lui tombent dessus. Un personnage qui ne prend jamais en main son destin et qui se retrouve dans une spirale voguant entre comédie noire et drame scabreux, le tout emballé dans une théâtralité de cinéma très « art et essai », et appelant jusqu’à des intrusions de scènes de karaoké. La mise en scène y est fulgurante, esthétiquement travaillé. Elle emploie des mouvements de caméra toujours pensés au mieux et à un cadrage parfait, participant ainsi à une ambiance dynamique et à une atmosphère teintée parfois d’élan fantastique et poétique. Le casting tient le bon bout et on imagine aisément la qualité de direction de son auteur. Il parvient ainsi à avoir le meilleur de ses acteurs qu’il personnifie : l’énigmatique et colérique Tsui Hark, la désinvolte Margaret Lee, la sensuelle et espiègle Rachel Lee ainsi que la sobriété d’un être perdu sous les traits d’Eric Tsang. Outre cet état de fait, Patrick Tam livre également le portrait de femmes qui s’émancipent du carcan masculin et qui s’affirment par elle-même. Elles nous apparaissent d’ailleurs comme les plus courageuses d’entre tous.

On se plait à suivre cette histoire subtile et décalée aux apparences multiples, Final Victory se montre comme une œuvre soignée visuellement, pleine d’énergie qui sait nous emporter par sa mélancolie, et dont les personnages savent également être touchants.

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Fiche du film.

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