« Je vais te manger »
En pleine nouvelle vague hongkongaise, Tsui Hark signe son deuxième film avec Histoires de Cannibales (1980). Après l’échec commercial de son Butterfly Murders (1979) mais salué par la critique, Tsui Hark désire remettre sa carrière en bonne voie et pour se faire emprunte un chemin des plus surprenant. Il choisit de choquer, une façon étonnante qu’a l’auteur de conquérir le public.
De son titre anglais : We’re Going to Eat You, Histoire de Cannibales met en scène un policier, l’agent 999 (Norman Chu Siu-Keung) qui débarque sur une île. Il est à la recherche d’un voleur, Rolex (Melvin Wong Gam-San) qui se trouverait dans un village. L’agent 999 n’est pas sans savoir que ce village est peuplé de cannibales.
D’emblée, Histoires de Cannibales de Tsui Hark se veut une œuvre des plus hétéroclites. Le film allie action, kung-fu lorsqu’il n’est pas à la fois gore et comique. L’auteur à la barbichette si caractéristique porte un regard cynique et signe un film avant tout commercial. Membre phare de la nouvelle vague HK, il montre ainsi qu’elle n’est pas uniquement composée de film d’auteurs. Tsui Hark dessine alors à travers Histoires de Cannibales une métaphore sociologique. Satire d’une société consumériste lorsque ce n’est pas une caricature des régimes totalitaires. De ce fait, l’œuvre serait engagée entre scène gore, humoristique et violente. On explique souvent ce film comme le fait que Tsui Hark n’aurait pas supporté l’accueil du public à la sortie de sa première œuvre. Par provocation, il le ridiculise tout au long de ce film à la rythmique effrénée, voir l’idiotie dont font preuve les villageois qui suivent d’un même élan béat leur leader.
Histoires de Cannibales est une bonne alliance de genre dont on reconnaît nombre de référence que Tsui Hark distille habilement. Le film est divertissant, rondement mené de main de maître et se place comme l’un de ses meilleurs films. Pourtant, We’re Going to Eat You sera un nouveau bide pour son auteur qui en plus de subir la sanction du public, subis celle de la critique qui se déchaîne. Loin de se laisser démonter, Tsui Hark enfantera le très mythique L’Enfer des armes (1980).
Un très bon souvenir! Faudrait d’ailleurs que je me le rematte. Avec le recul, ça sera sympa, je ne connaissait pas de façon aussi familier tous les acteurs il y a 10/15ans…
Je l’ai presque revu dans son entier lorsque je me suis amusé à faire les captures pour ma peloche. Y a un tel truc dans ce film. Les scènes de fight dans la boucherie en plein air, les allées étroites sont d’une dextérité peu comparable encore de nos jours.
Clair qu’avec le recul, c’est bien ça qui est marrant avec ces films qu’on a pu apprécier dès les débuts de notre passion pour ce cinéma : revoir des acteurs qui nous sont aujourd’hui familier.
Au risque d’en faire hurler plus d’un, je ne suis pas un fan absolu de Tsui Hark. Virtuose, ok, je le reconnais. Mais souvent ses films ne tiennent pas sur toute la durée (histoire foutraque, passages vides, etc.). Savoir manier une caméra comme un dieu ne suffit pas à faire un bon film à mon sens. Enfin bref, HISTOIRES DE CANNIBALES fait clairement partie des réussites du bonhomme. J’adore !
On partage le même point de vue sur Tsui Hark. C’est un cinéaste que j’apprécie énormément. Je n’adhère pas non plus à l’ensemble de sa filmographie. Tout comme toi, je pense que c’est un mec qui sait y faire avec une caméra, y a rien à redire là-dessus. Par contre, un bon film c’est aussi autre chose. Je te rejoins également sur l’avis du film qui nous concerne ici.