Action, Drame, Policier, Triade

Lee Rock & Lee Rock II (1991)

Un flic

Fresque historique policière divisée en deux parties, Lee Rock (1991) et Lee Rock II (1991) mettent en lumière l’évolution d’un homme au sein de la Royal Police. Cette œuvre de presque quatre heures produite par Wong Jing et Jimmy Heung Wa-Sing est mise en scène par Lawrence Ah Mon. Ce dernier s’adjoint à nouveau les services de Chan Man-Keung au scénario, lui qui avait signé ceux de ses deux premiers films : Gangs (1988) et Queen of Temple Street (1990). Andy Lau Tak-Wah y incarne Lee Rock, personnage principal inspiré de faits réels qui défrayèrent les chroniques de l’ancienne colonie Britannique.

Dans le Hong Kong des années 50 à 70, Lee Rock entre dans les forces de police. Il prend très vite conscience de la corruption qui gangrène cette institution et ses accointances avec les triades. Honnête, il refuse tout pot-de-vin et s’oppose très vite à un haut gradé de la police qui l’a alors dans son collimateur. Parallèlement, il tombe amoureux tout en faisant la connaissance d’un vendeur de rue qui deviendra son homme de confiance…

Avec Lee Rock, on suit l’itinéraire d’un individu sans le sou et recherchant un métier qui puisse le nourrir. A travers lui se pose alors une toile de fond. Lawrence Ah Mon traite de Hong Kong d’un point de vue social et économique. Le cinéaste dépeint les bouleversements d’une ville qui grandit à mesure que le temps s’écoule. Il traite les évènements de façon linéaire en usant d’une mise en scène posée et emprunte d’un certain classicisme. Il y ponctue d’interstices qui permettent aux spectateurs de se repérer. Les décors et costumes permettent de s’immiscer dans les différentes époques qui voient Lee Rock gagner en influence. Une influence qui lui permettra de contrôler les activités criminelles des triades contre une partie financière. Cette « rémunération », il en fera profiter l’ensemble des services de la police. Une « générosité » qui lui vaudra un profond respect et pouvoir mais aussi une animosité d’un collègue haut placé qui voit son intérêt personnel lui échapper. L’immersion est d’autant plus réussie que les prestations convaincantes des acteurs donnent le la. Le récit est relativement intéressant si l’on s’arrête sur le personnage de Lee Rock. On y voit ainsi un homme devenir riche grâce à sa profession de policier, lui qui était si droit au départ. Quant au parti-pris du réalisateur, il n’est jamais bien loin de légitimer les actes de ses personnages.

Dans Lee Rock II, Lawrence Ah Mon poursuit son biopic déguisé. On y découvre dans ce volet l’aboutissement de ce à quoi Lee Rock a contribué. En somme, une certaine forme de légalisation du jeu, de la prostitution et du trafic de drogue. Situation intéressante et peu commune, on en conviendra. Bien entendu, pour préserver la bonne image qu’Andy Lau façonne à son personne, on ne verra jamais les conséquences néfastes de cette « légalisation ». Lawrence Ah Mon préfère nous montrer le faste dont jouit Lee Rock entre montagne d’argent, jolie demeure et beaux costumes. Encore plus dans cette partie que la précédente, on a parfois le sentiment d’avoir à faire à de véritables gangsters et non policiers, et ce, jusque dans les mimiques ou l’opulence dont ils abreuvent leur entourage. On n’oubliera pas non plus le face à face que Lee Rock s’offre avec Ngan Tung (Paul Chun Pui). On a parfois l’impression de voir une confrontation entre deux chefs de triade. A la différence de la première partie, celle-ci nous offre une scène de gunfight qui colle moins avec le ton réaliste de l’ensemble du film. Une scène qui parvient à maintenir une certaine tension jusqu’au dénouement. Un dénouement qui en terminera logiquement avec ce système de corruption mise en place par un Lee Rock ressemblant pour toujours à un « Don » invaincu.

Lee Rock et Lee Rock II c’est une seule et même histoire, celle d’un homme de son époque. Un homme qui évolue et grandit en voulant toujours plus à l’image du Hong Kong dans lequel il gravite. Mais qui connait la véritable histoire qui inspira cette œuvre de Lawrence Ah Mon sait qu’il traite les choses de façon à arrondir les angles. On pourrait même dire de façons lisses et plutôt complaisantes. Un point de vue comme un autre…

Il est à savoir que le personnage de Lee Rock et son histoire sont fortement calqués sur le policier Lui Lok et son parcours au sein de la police hongkongaise. Il a notamment été porté à l’écran dans To Be Number One (1991) de Poon Man-Kit et Powerful Four (1992) de David Lam Tak-Luk. Pour la petite histoire, l’un de ses lieutenants était Tsang Kai-Wing le père de l’acteur Eric Tsang Chi-Wai. Il s’enfuit pour Taïwan (sans accord d’extradition avec HK) tout comme son supérieur. Tsang Kai-Wing y a vécu sans être inquiété et y est décédé en 2011.

Lee Rock

Fiche du film.

Lee Rock II

Fiche du film.

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