Balourd et Gros bras
Comédie dramatique policière, Tiger on the Beat (1988) est produite par Karl Maka et mise en scène par Liu Chia-Liang. Ce dernier s’entourait de son équipe pour les chorégraphies d’actions.
Lors de l’irruption d’un braqueur dans l’établissement où il se restaure, le sergent Francis Li (Chow Yun-Fat) de la police HK est pris en otage. Michael Cho (Conan Lee Yuen-Ba) intervient et met à mal le truand tandis que Francis se ridiculise. Ce dernier apprend bientôt qu’il doit faire équipe avec son « sauveur » sur une affaire de meurtre lié au trafic de drogue. Les deux flics que tout oppose se mettent alors en quête de vérité qui les mène jusqu’à Marie-Donna (Nina Li Chi), la sœur d’un trafiquant…
Combats martiales, gunfights et humour sont le cocktail détonant de Tiger on the Beat. Avec le talent qu’on lui connait, Liu Chia-Liang ambiance admirablement son film, distillant avec panache les scènes d’affrontements qui montent en crescendo tout du long jusqu’à ce final dans la grande tradition de l’actioner. Pour cette dernière partie, on a notamment le droit à un face à face armé de tronçonneuses et d’un Chow Yun-Fat en mode MacGyver du fusil à pompe bricolé avec une corde pour tirer tout en étant protégé. Mais si Tiger on the Beat n’avait été que ça… ce film d’action qui parvient à enthousiasmer. Fidèle au style de la production locale, le film de Liu Chia-Liang combine les genres, et côté comédie, c’est quelque peu lourd, même si par moment distrayant dans l’inégalité affichée. Le problème résidant peut-être dans un scénario qui ne s’embête pas de détails et s’ancrant dans l’anecdotique.
L’aspect buddie movie avec l’opposition entre les personnages de Chow Yun-Fat et Conan Lee ne dégage pas de grands moments de complicité, rien de véritablement singulier mais ça marche. L’humour qui vise essentiellement le personnage campé par Chow Yun-Fat est poussif dans la débilité, même si l’on sent l’acteur à l’aise. Il n’empêche, il interprète ce personnage schizophrène par excellence. D’un côté, il est habité d’une personnalité de joyeux drille, coureur de jupon et fêtard qui semble peu enclin à faire son boulot de flic. De l’autre, il parvient à se transformer en une toute autre personne : dur, impitoyable (la scène de bastonnade avec Nina Li Chi, sacrément dérangeante) et véritable As de la gâchette. Rien qui ne laissait présager tout cela au départ. Mais sachant que le cinéma de HK n’a jamais été prompt, surtout à cette époque d’offrir un travail d’écriture rigoureux, on voit la chose comme une petite particularité cocasse.
Tiger on the Beat, c’est donc de la comédie débile mélangé en un polar qui défouraille. Le mélange des genres ne fait pas toujours bon ménage. Il n’empêche, il s’en dégage une générosité, cette envie de s’amuser qui fait plaisir, même dans les moments plus sérieux.
Merci à unrealbe (DVD)