Drame, Ero'/Porn'

Pink Lady (1992)

Luv

Sur un scénario de Kirk Wong Chi-Keung qui allait peu après mettre en scène sa trilogie « True Crime », Pink Lady (1992) est réalisé par Norman Chan Hok-Yan, plus connu sous son pseudonyme Otto Chan Juk-Tiu, celui dédié à ses films classés en Category 3.

Michelle (Yip Lei-Hung) arrive dans une nouvelle école (catholique) pour filles. Joueuse de tennis émérite, elle y fait la connaissance de Jenny (Lee Mei-Ki), élève un peu plus âgée avec laquelle elle partage sa passion. Les deux jeunes filles passent de plus en plus de temps ensemble jusqu’à entamer une relation amoureuse. Les mois passants, Jenny sort diplômée et est embauchée dans une agence de publicité. Elle propose à Michelle d’arrêter ses études, de lui trouver un travail dans cette même société et qu’elles emménagent ensemble. Michelle accepte et se retrouve à travailler comme hôtesse d’accueil. Elle ne tarde pas à faire la connaissance de Tony (Emotion Cheung Kam-Ching), un collègue qui collectionne les figurines de Kaiju eiga…

Si l’on ne retrouve pas une esthétique propre à ses films, Pink Lady aurait pu être une mise en scène de Patrick Tam Kar-Ming, aussi bien dans le fond que dans la forme. C’est pourtant Otto Chan qui réalise ce mélodrame érotique. L’auteur hongkongais y apporte un soin plastique singulier et narre avec tact cette romance entre deux jeunes femmes. Le sujet de l’homosexualité est assez rare dans le panorama de l’industrie cinématographique hongkongaise pour ne pas le souligner. Et plus surprenant encore, cette relation lesbienne n’est pas montrée comme une tare ou un fléau qui toucherait nos personnages principaux. Là où d’habitude, cette différence est montrée comme une déviance. Si dans la forme les choses sont plutôt respectueuses de l’individu et de ses choix de vie, on n’évite tout de même pas quelques maladresses dans le propos. On n’en oublie donc pas pour autant que Pink Lady reste un film d’exploitation, une sorte de roman porno HK aux relations passionnelles et voguant sur les eaux troubles du thriller dans sa dernière partie.

Otto Chan fait de Pink Lady une œuvre enfiévrée et suave sur les premiers émois amoureux. Jenny, confirmée dans ses penchants amoureux et Michelle qui se cherche encore, fille « paumée », plus ou moins livrée à elle-même, des parents vivants et travaillant à l’étranger, elle vivant avec sa sœur et son petit-ami qui la rebute en attendant de trouver une situation propre. L’auteur développe cette histoire d’amour à tâtons. Il prend le temps d’installer cette attirance se révélant comme une inconnue et un tabou pour Michelle. Il y montre la complexité d’une telle relation aussi bien dans sa construction qu’ensuite dans la vie de tous les jours au contact de la « norme ». Cette prise de contact amènera les premiers doutes de Michelle sur ses sentiments pour Jenny. Le personnage de Tony joue le rôle d’élément perturbateur au sein de ce couple que Jenny pensait solide. Naitra en elle un fort sentiment de jalousie et de désespoir lorsqu’elle prendra conscience de l’éloignement de Michelle, perturbée, se questionnant sur sa sexualité et qui pour la première fois agit par elle-même.

Pink Lady narre la naissance et la fin d’un amour intense, dont les scènes de sexe sont magnifiquement mises en scène. Avec un talent certain de faiseur de cinéma, Otto Chan livre un travaille de taille. Il met en image cette tragédie finale ensanglantée qui supplante/entache le désir et la sensualité jusqu’ici immaculé. Les deux actrices livrent de bonnes prestations et l’on s’étonne qu’elles n’aient pas eu une toute autre carrière cinématographique. En effet, leur carrière respective se résume uniquement à ce film. On peut supposer que le sujet ainsi que le traitement aient pu les étiqueter. Dommage parce qu’aussi bien en terme de jeu que de photogénie, elles dégagent cette aura propre aux grandes actrices.

A noter la présence de Jade Leung Chang dans un petit rôle de mannequin habillé d’un magnifique maillot de bain bleu.

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Fiche du film.

Merci à JTM999(DVD)

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4 réflexions sur “Pink Lady (1992)

    • Une certaine forme de narration, certains plans, les scènes humides, le point de rupture final qui vire au sanguinolent et l’actrice Lee Mei-Ki alias Jenny qui plastiquement a tout de l’icône japonaise, y a un côté roman porno indéniable. Si j’y fais référence également, c’est qu’il y a peu de chance que tu confondes. 😉

  1. Martin dit :

    C’est pas dans ce film qu’il y a une maquette de King Ghidorah sur un bureau? Si oui, c’est bien celui là dont je parle. Apparement Kee Mei-Ki est en fait une japonaise: Okazaki Hitomi .. je serai pas surpris d’apprendre qu’il ait aussi été exploité au Japon.

    • Yes ! C’est pour cela que dans mon résumé du film, je fais référence aux « figurines de Kaiju eiga », alors même que cela n’apporte pas grand-chose énoncé de cette façon. D’ailleurs, c’est parce qu’elle en « casse » un bout du King Ghidorah que Michelle vient à réellement faire connaissance avec Tony.

      Lee Mei-Ki , HKMDB ne référence pas son blaze nippon mais effectivement, en recherchant vite fait-là, Okazaki Hitomi ressort. Ce qui pourrait expliquer sa ressemblance avec une japonaise. Elle en est tout simplement une. Faudrait que j’approfondisse les recherches, voir ce qu’elle aurait pu faire par chez elle…

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