Drame

Silent Love (1986)

Pickpocket

Produit par Sammo Hung Kam-Bo, Silent Love (1986) est le fait de David Chiang Da-Wei. L’ex-acteur de la Shaw Brothers mettait alors en scène une comédie dramatique à tendance sociale.

Heung Gite (Season Ma Si-San) est une jeune muette qui avec ses trois acolytes sourds-muets vivent en tant que pickpockets. A la sortie de prison de leur ami Leopard (Ronald Wong Ban), ils reprennent leur activité de groupe et font connaissance avec Kelly (Lau Ching-Wan). Ce dernier sort également de prison et vient à défendre Heung Gite face à un gang de voyous qui s’en prennent constamment à la petite bande d’amis.

S’ouvrant, après générique sur une scène qui rappellera par son mimétisme à l’une de celle du film Pickpocket (1959) de Robert Bresson, Silent Love offre un commentaire social en filigrane. David Chiang dépeint le portrait de marginaux qui survivent par le vol, communiquant entre eux par le langage des signes, langage qu’ils utilisent à bon escient dans leur démarche délinquante. Non-intégrés dans une société qui n’a que peu d’égard à leur encontre, ces pickpockets sourds et muets vont jusqu’à vivre en dehors de la ville puisqu’ils demeurent sur un bateau à flot, seulement rattachés à la société par une barque-navette. Ils partagent les lieux avec une amie prostituée par son petit-ami qui la bat. Un tableau plutôt sombre donc qui parvient tout de même à offrir des moments plus enjoués sur les petits riens de la vie. Avec l’intronisation du personnage de Kelly dans ce petit groupe, c’est le spectateur qui est invité à les suivre. On s’attache alors à ces personnages et à leur existence compliquée, sans véritable possibilité de changement. Entre les risques qu’ils prennent à voler et les affrontements violents parce que prit par cible par cette même bande de voyous qui errent à l’abandon, et qui ne trouve d’existence que dans la violence. Et lorsque enfin, un renouveau se profile difficilement que ce soit pour Heung Gite et ses complices ainsi que Kelly, ils sont vite rattrapés par ce funeste destin qui les empêche de sortir de cette condition morose qu’ils partagent. D’une part, la pression du groupe et de l’autre, cette fatalité attenante à leurs actes.

Fortement inspiré par le film de Robert Bresson susmentionné pour les scènes de vol à la tire, Silent Love place également en son centre une femme-enfant sous les traits de Season Ma. Elle fait étrangement échos à son personnage dans Boat People (1982), notamment caractérisé par une scène dans laquelle elle se maquille de façon excentrique. David Chiang semble y réaliser un parallèle concernant cet amour inavoué dont notre personnage principal souffre, faisant aussi résonance au titre du film. Un titre faisant également référence à cette bulle dans laquelle vivent certains des personnages emmurés dans leur handicap. L’auteur est parvenu à une excellente direction d’acteur qui permet de voir des prestations crédibles, naturels, jamais exagérées. Il offre avec Silent Love un portrait sincère, ne tombant jamais dans un traitement ridicule voire irrespectueux de ses personnages et des actions dépeintes.

A noter que c’est la première apparition de Lau Ching-Wan sur grand écran.

silent love_peloche

Fiche du film.

Merci à beleg (DVD)

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