Chronique de flics
Lorsque Patrick Yau Tat-Chi réalise Expect The Unexpected (1998), on lui doit déjà deux films « majeurs » : le très bon The Odd One Dies (1997) et surtout l’excellent The Longest Nite (1998). Avec ce troisième polar en moins de deux ans, Patrick Yau met toute sa verve cinématographique au profit d’une brigade de policiers. Il prend le temps de raconter des tranches de vies de flics, amis et collègues.
Expect The Unexpected met en scène le braquage d’une bijouterie par trois pieds nickelés chinois du Mainland. Ce braquage amène les policiers jusque dans un bâtiment où s’y cache déjà un chef de gang en cavale. Ce dernier n’hésite pas à faire feu sur la police pour prendre la fuite. Pour se faire, il est aidé de complice tout aussi psychotique que lui. Les policiers Sam, Ken ainsi que leurs collègues mènent l’enquête.
Dès sa scène d’ouverture, Expect The Unexpected nous plonge dans les affres du quotidien de la police de HK. Ici, un gang de pauvre type croise un gang dont le crime est leur affaire. Au milieu de tout cela, des flics doivent faire leur job coûte que coûte. Nous y sommes dans cette course effrénée pour stopper les malfaiteurs au pluriel. Et pour accomplir cette mission, nous sommes au sein même d’une équipe de policiers avec tout les tracas du quotidien qu’ils peuvent rencontrer. Car Expect The Unexpected pointe l’accent sur ces monsieur et madame tout le monde qui font un métier « particulier ». Ainsi, on peut y croiser deux amis mais de caractère différent. Il y a Ken (Simon Yam Tat-Wah), le plus mature et Sam (Lau Ching-Wan), très espiègle dans sa façon d’être. Tout deux seront embrigadés dans un triangle amoureux avec l’un des témoins qui tient un restaurant : Mandy (Yoyo Mung Ka-Wai). Cette dernière, en plus d’appartenir aux jeux des romances des deux policiers sera une spectatrice privilégiée sur les avancées de l’enquête et ce, notamment au travers des médias télévisuels.
En plus de l’action, Patrick Yau parsème Expect The Unexpected de quelques scènes humoristiques. Une façon de dire que même devant l’atrocité et les petits riens du quotidien, la vie continue. Ces moments de vie sont intimistes, cadencés par une enquête qui piétine mais aussi marqués par de l’action intense qui livre du suspense haletant. Pour ma part, on pourra regretter que Patrick Yau n’est pas mieux souligné les aspects qui caractérisent la comédie romantique du trio. Du coup cette « partie » est plutôt brouillonne. Elle peut refléter un aspect quelque peu bancal du film. Aussi, on pourrait regretter que l’auteur ne se soit pas plus impliqué sur l’histoire des voyous venus de la Chine Populaire. Je pense notamment à l’intense pauvreté qui pousse ces hommes à agir de la sorte. D’autant plus que le film se situait après la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Cela aurait apporté un intérêt grandissant qui finalement est ici juste esquissé. Dommage donc que cet aspect socio-économique n’est pas été retenu par son auteur.
Finalement, Expect The Unexpected est un bon petit polar loin d’être parfait en étant bourré de défauts (qui par ailleurs font sont charmes). Il est brillant tout en n’allant pas jusqu’au bout des choses. Patrick Yau fait plus d’une fois preuve de créativité dans sa mise en scène et dépeint les rapports humains et leurs situations de façon réaliste. Je garde un profond attachement à ce film dont le final est surprenant et ma foi bien pensé.
Notons que la paternité de ce film a été contesté par l’un de ses producteurs, Johnnie To. Ce dernier dit en être le metteur en scène à l’image de The Longest Nite. On sait que des brouilles ont vu le jour entre lui et Patrick Yau à la même époque. Des brouilles qui auront eu sans doute raison de la carrière de Patrick Yau qui peine aujourd’hui à réaliser des films.
Je l’avais vu justement à la Cinémathèque il y a quelques années lors de l’intégrale Johnnie To. C’était pas mal, même si la bombe de sa filmo reste « The Longest Nite » en effet.
Rah punaise, je me souviens de cette rétro Johnnie To. Elle était tombée à une mauvaise période en ce qui me concerne. Je n’en avais pas vu un film. Ça devait être sympa de découvrir ces films sur grand écran. La première fois que j’ai vu « Expect The Unexpected », j’ai vraiment été conquis. La grosse scène introductive avec les deux gangs de malfrats qui se croisent et le mimétisme de l’arrestation dans le final. Je ne m’y attendais vraiment pas à une telle tournure. J’ai vraiment un coup de cœur pour ce film alors qu’il est très loin d’être parfait et maîtrisé.
Quant à « The Longest Nite », un must du polar HK que je conseille régulièrement. Macao, la nuit, une intrigue simple mais bien ciselée, de bonnes interprétations avec le casting qui va bien. J’en avais écrit un p’tit truc sur Made in Asie. A l’occasion, je lui ferais une p’tite peloche pour marquer le coup…
DOmage que tu aies raté cette rétro ! Je crois que c’est la rétro à la Cinémathèque où j’ai été le plus assidu ! J’avais été voir une dizaine de films je crois (soit un grain de sable comparé à la longueur de la filmo de To^^)…
Il est vrai que le bonhomme à un paquet de film au compteur. En même temps et comme tu t’en doutes (t’en aies rendu compte), ses films sont très très loin d’être tous de qualités. Du coup, ce n’est pas forcément un mal. Marrant parce que je lis ton billet de l’époque, c’est vieux. J’y avais lâché un com’ justement. Il est malade le Michael. C’est lui le surestimé ! 😉
THE LONGEST NITE >> chef d’oeuvre absolu. EXPECT THE UNEXPECTED >> sympatôche, mais vu une fois, pas trop envie de m’y replonger… Mais la manière dont ils jouent du titre du film, finalement c’est plutôt original (moi je m’attendais à un twist par exemple).
Je vois ce que tu veux dire sur tes attentes et la relation au titre. Il m’a intrigué et interpellé pas mal.
En tout cas ce film et ces films, devrais-je écrire on fait parti de ceux qui ont bâti la Milkyway touch.