Drame

Gangland Odyssey (1988)

Destin

Petite production sans prétention signée par Ulysses Au-Yeung Jun, Gangland Odyssey (1988) narre l’histoire de Ah Chen, surnommé « Big Head » (Alex Man Chi-Leung) qui est issu d’une famille paysanne. Alors que l’un de ses frères a des problèmes d’argent avec un malfrat local, il tente de régler l’affaire qui se termine en meurtre. Après plusieurs années de prison, Ah Chen retrouve la liberté. Malheureusement pour lui la réinsertion dans la société se veut difficile. Il tombe petit à petit dans l’univers des triades…

Gangland Odyssey, c’est l’ascension et la chute (quasi vertigineuse) d’un Monsieur Tout-le-Monde (un brave type, précisons-le) qui plonge dans les affres de la criminalité. Il en devient une personnalité incontournable, doit faire face aux gangs rivaux ainsi qu’aux brebis galeuses de son propre clan. Il est rejeté par son père et de ce fait sa famille entière. L’amour s’invite également au récit. Vient ensuite la pente descendante avec la police aux basques, le tribunal et sa sentence puis l’évasion et la traque d’un criminel qui se cache en rêvant d’une autre vie. Mais voilà, cet énième drame d’un homme qui épouse bon gré mal gré le crime pourrait s’apparenter à un film qui n’apporte rien de nouveau au genre. Convenu, Gangland Odyssey n’échappe pas à quelques faux rythmes et à des scènes superflues. S’il est parfois creux et loin d’être exceptionnel, il parvient à nous rendre son personnage principal sympathique, sans doute aidé par la bonne bouille de l’acteur Alex Man. Surtout, force est de contester qu’il s’en dégage des aspects dignes d’intérêts. Ils évitent qu’on le condamne alors trop vite.

Gangland Odyssey offre donc des choses intéressantes, à défaut qu’elles fassent mouche à chaque fois et à défaut de les voir pleinement bien misent en scène. Ainsi le passage en prison lors du générique de début, à travers des scénettes du quotidien carcéral est réussi dans sa construction. En quelques passages furtifs, le cinéaste nous communique l’enfer des prisons. Le personnage interprété par Alex Man y devient un autre homme. Il est obligé de se battre pour survivre et éviter entre autre de devenir l’esclave sexuel de ses co-détenus.

La relation que Ah Chen entretient avec sa petite amie le personnage incarné par Tien Niu est amusante. Elle se veut tumultueuse et débouche souvent sur des conflits. Si certaines scènes prêtent à sourires, elles s’avèrent tout de même tendancieuses puisque violentes physiquement. L’amour y est tout de même fort et à fleur de peau, parfois extrême comme ses personnages.

Un point intéressant également, c’est le regard de l’autre et la pression familiale. Alex Man qui sort de prison est doublement condamné après son incarcération. Cette condamnation est celle du regard que lui porte son père qui l’expulse tout bonnement de la famille. Il est devenu une honte pour elle aux yeux des autres. La pression sociale le marginalise alors un peu plus, l’abandonnant à son sort.

Une autre chose assez forte dans Gangland Odyssey, c’est cette impossibilité à revenir en arrière. Tout du long il y a ce sentiment, cette envie de décrocher et ce de manière à peine effleurée, voire souvent cachée. Cette fatalité liée à la destinée est fortement parlante sur cette avant dernière scène qui referme le long-métrage. Il s’y pose le problème entre Ah Chen et sa moitié sur une plausible et future descendance. Le poids de la fatalité, l’irréversibilité de leur situation tombe comme un couperet d’une oraison funèbre sans espoir. Un espoir tué par la dernière scène qui se figera sur le générique final.

Gangland Odyssey pourrait être l’un de ces films de plus sur l’univers des triades et la destinée d’un homme en son sein. Il parvient à s’en dégager par des thèmes intéressants, pas toujours définis au mieux mais assez esquissés pour interpeller.

Fiche du film.

Merci à Toto14  (VCD)

Carton de fin…

«  Ng Chun Shing, l’auteur de cette histoire, travaille régulièrement dans les prisons. »

(Merci à Panda pour la traduction)

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2 réflexions sur “Gangland Odyssey (1988)

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