Travestissement
Fortement influencé par Pulsions (1981) de Brian De Palma, He Lives by Night (1982) est le fait de Leung Po-Chi. Ce dernier mettait en scène un thriller comique.
En pleine nuit, une femme qui rentre chez elle se fait assassiner dans une ruelle. Le tueur (ou tueuse) qu’on ne voit pas a notamment utilisé les bas résilles blanc de sa victime pour l’étrangler. Sur la scène de crime, la police, sous les traits de Dragon (Kent Cheng Jak-Si) et Wong (Simon Yam Tat-Wah) relèvent des indices. Au même moment, une riveraine, Sissy (Sylvia Chang Ai-Chia) qui habite non loin de là, et qui connait Wong part travailler. Cette dernière est une animatrice radio qui doit faire avec bon nombre de pervers. Dragon qui est amoureux de la jeune femme demande à Wong de l’introniser auprès d’elle…
He Lives by Night est de ces films bâtard, pur produit de l’ex-enclave britannique qui avait le don de réaliser un mélange des genres et donc des tons. Ici, le slasher à la violence sèche et sanguinolente se marie avec l’humour léger et crétin. Un équilibre quelque peu précaire qui contrebalance d’un côté comme de l’autre durant le métrage. Cela jusqu’à un final où la partie comique prend le pas sur la noirceur. He Lives by Night est donc symptomatique de ces films hongkongais qui avait cette volonté de désamorcer le morbide, comme pour mieux faire passer la pilule au spectateur. Ainsi, il n’est pas rare qu’à la même époque des scènes de films d’horreurs étaient d’une certaine façon tournées en ridicule, là elles devraient jouer sur le lugubre. Cette particularité n’en offre pas moins un divertissement, certes décontenançant aux premiers abords dans lequel on plonge aisément. Que ce soit avec ce tueur en série psychopathe (à noter la bonne prestation de son acteur dont je tairais ici le nom pour conserver un semblant de surprise) que parmi les flics idiots voire lourdauds (une jolie paire avec un Kent Cheng génial et un Simon Yam, plus en retrait).
Au de-là de ce mariage des genres, on regrettera tout de même le traitement du trauma de notre tueur. He Lives by Night n’est pas exempt d’un défaut récurrent dans ce type de production. Comme souvent, l’écriture n’est jamais fine dans le background de ce personnage. Si les scénaristes hongkongais manquent parfois de profondeurs pour approfondir (justement) le passif des désaxés traités, lorsqu’ils le traitent, ici clairement, Lo Gin livre un épisode décevant comme cause des conséquences meurtrières. Alors il évite une énième histoire d’enfant maltraité mais le trauma retracé est un peu léger pour justifier une telle déviance. Est-ce que cela nuit à la partie « thrillerique » ? Clairement non. Par contre, une chose intéressante est à souligner dans ce que le récit offre. Dans He Lives by Night tout est affaire de travestissement. Ainsi, le tueur se travesti. Notre héroïne est montrée comme un garçon manqué jusque dans sa garde-robe en début de film, sans oublier les déguisements affichés, notamment par un Kent Cheng déchainé. Cette thématique dénote alors des faux-semblants, d’une crise identitaire qui touche l’ensemble d’une société.
He Lives by Night est un divertissement appréciable. Leung Po-Chi maintient habilement la tension, voir la scène anxiogène de la salle de bain. Aussi, on notera un réel travail sur les cadres comme l’utilisation de certains filtres participant à l’atmosphère si singulière de ce film.
A noter qu’aux côtés de films comme Sketch (1983), Rape and Die (1983), He Lives by Night préfigurait, d’une certaine façon les films déviants de la Category 3 des années 90.
Merci à andreayates (DVD)
You forgot the 7up screencap!
I didn’t forget. I made a choice. But it’s a funny scene.
One of my favorite HK movies! 🙂
Oooh yeah !!!