The good old days…
Scénariste-réalisateur ainsi que producteur de The Final Night of the Royal Hong Kong Police : One Body Two Flags (1999), Lau Shing-Hon livrait à travers l’histoire d’un policier un portrait de Hong Kong.
Alors que les cérémonies de la rétrocession de Hong Kong à la Chine se déroulent, Leung Yat Sun (John Chan Wing-Fai), un policier emmène son cousin Wai (Lee Lung-Gei), un ex-flic à l’aéroport. Ce dernier refuse de voir l’armée chinoise marcher sur la future ex-enclave britannique. Il doit alors s’envoler pour le Canada. Sur le chemin de l’aéroport, Leung Yat Sun surnommé Sonny se remémore son passé…
Film indépendant fictionnel invitant des images d’archives, The Final Night of the Royal Hong Kong Police : One Body Two Flags revient sur deux épisodes de l’histoire hongkongaise. Tandis que le Hong Kong britannique vit ses dernières heures avant de redevenir chinoise, Lau Shing-Hon traite tout d’abord des émeutes de 1967, sous influence de la RPC puis il met en lumière la création de l’ICAC en 1974 avec les manifestations de policiers à son encontre en 1987. Deux époques, deux évènements qui se font échos à ceux qui se déroulent au moment présent. Sur le chemin de l’aéroport, le personnage campé par John Chan se rappelle de son enfance, de son entrée dans la police, d’un épisode où il a failli perdre la vie et qui l’amène à voir un psychiatre ainsi que les relations qu’il a avec sa femme et ses deux enfants. Cette introspection est singulière puisque dès d’entrée, on sait le personnage décédé prématurément.
Sur une cinquantaine de minutes, l’auteur de The Final Night of the Royal Hong Kong Police : One Body Two Flags dépeint le tempo d’une ville en pleine ébullition. A contrario, au moment présent, il parvient à retranscrire le vague à l’âme qui contamine l’atmosphère. Ces histoires qui s’inscrivent dans la grande sont pour l’essentiel racontées par le biais de la voix off (celle de son protagoniste principal). Il revient ainsi sur les exactions de la police lors des émeutes de 1967, la corruption qui gangrène la police et qui amène la création de l’ICAC mais surtout sur l’itinéraire de Sonny (lui-même). A travers sa personne, on perçoit les soubresauts d’une ville en constante mutation. Des morceaux de vie et d’évènements sur plusieurs décennies qui constituent l’ADN du hongkongais moderne. On soulignera, entre autre l’emploi du noir et blanc (pour le passé) contrastant avec les néons clinquants des enseignes (du présent).
The Final Night of the Royal Hong Kong Police : One Body Two Flags est un drame captivant sur une épopée humaine (tragédie d’un homme) et historique (celle d’un territoire et des troubles politiques et sociales). La reconstitution réalisée avec les moyens du bord fonctionne et permet l’immersion. Ce portrait est digne d’intérêt. Il permet de mieux comprendre l’état d’esprit à l’heure de la transition. De mieux percevoir les symboles, les doutes et les peurs, certaines désillusions aussi.
A noter qu’il existe une seconde partie intitulée : The Final Night of the Royal Hong Kong Police : The 5th (2002), du même auteur et co-réalisé avec Steve Cheung Wai-Keung.