Recyclage mad(e) in Taiwan
Encore une production taïwanaise qui tente de passer pour hongkongaise, Ultimate Warrior (1993) est réalisé par Yip Wai. Un film puzzle qui donne dans le recyclage putassier.
Dur d’en faire un pitch ou un résumé tant tout est brouillon. On découvre plusieurs gangs qui se font la guerre, souvent pour des histoires de drogue avec des types qui fauchent, d’autres qui ne veulent pas payer, etc. Ces gue-guerres amènent des vengeances et des vengeances qui répondent à des vengeances.
S’ouvrant sur un générique en image (des scènes à venir) cadencé par une musique de films des années 20 et 30, Ultimate Warrior voudrait se montrer comme une autre de ces séries B d’action. Ces actioners sans le sou distillant tout du long fusillades et combats pieds/pieds. Pour ces derniers, Ken Lo Wai-Kwong donne sacrément de sa personne. A croire qu’il est partout. On s’amusera par ailleurs de cette scène en pleine nature où il affronte deux assaillants. Le monteur a eu l’idée risible de rejouer les mêmes plans à la suite, une idée qui sera reprise plus loin mais cette fois-ci avec Chin Siu-Ho ainsi que durant le dénouement. Le rendu est donc décontenançant de ridicule. Bref, je m’égare. Non ce qu’il est important de souligner pour Ultimate Warrior et ses quatre-vingt minutes au compteur, c’est qu’il est l’archétype même de ces films 2 en 1, pis encore.
Ultimate Warrior est donc un film qui recycle allégrement deux à trois productions en même temps, si ce n’est plus. Il est à rapprocher de Lucky Dragon (1991), du même auteur (qu’il a co-réalisé avec Wong Siu-Jun), de Four Dragons (1992), du même scénariste (Lui Gai-Seung) et sans doute d’autres encore. A noter que certaines scènes du film qui nous intéresse se trouvent dans Orphan (1991 ou 1993) qui lui-même empruntait déjà des bouts de films à d’autres ! Pour ce dernier, on retrouve la scène d’introduction après générique avec l’actrice Chan Wing-Chi (qui a ici un rôle minime). Il y a aussi les présences des acteurs Ku Feng (même scène de fusillade avec Mang Ding Goh) et Hon Gwok-Choi (même scène de combat avec Mang Ding Goh, toujours). Ainsi que les acteurs non épinglés sur les sites de données comme Hung Fung, William Duen Wai-Lun, Amy Wong Oi-Mei ou encore Chan Ging et Gam Biu (qui meurt encore assassiné en plein coït comme dans Orphan). La liste est, ici non exhaustive.
Au-delà de ce recyclage, intrinsèquement Ultimate Warrior, ça vaut quoi ? Rien ! Pas grand-chose, du moins. Le scénario (y en a-t-il seulement un ? On sait maintenant que non, il y en a plusieurs) est d’un bordel sans nom. L’histoire foutraque par excellence. Et c’est bien normal. Le film de Yip Wai emprunte à plusieurs films, le seul lien étant la présence de certains acteurs dans ces mêmes productions. Du coup, on a le sentiment d’être devant ces films au scénario prétexte pour enchainer les scènes d’actions, en somme une espèce de « compilation des highlights ». Si l’on ne comprend rien aux multiples récits dépeints (ce n’est pas l’avoir vu en VO sans sous-titre qui me fait écrire cela), il y a au moins assez de gunfights et de fights martiales pour passer le temps. Quant à la qualité de l’action… ? C’est bancal, parfois inspiré, parfois torché, jamais magnifié.
Ultimate Warrior, ce film qui se fout des spectateurs. Autant voir les films originaux que cette production au rabais qui recycle sans scrupule et qui plus est mal inspirée. Reprendre des scènes et refaire un nouveau film, pourquoi pas, c’est une chose. Mais si prendre tellement mal, avec ses incohérences et son développement qui n’a ni queue ni tête, c’est une démarche qui a tout du mercantilisme primaire.
Merci à Toto14 (VCD, sans sous-titre)
Looks like you have the Bluray version of that masterpiece!
Not even !