Wine of ecstasy
Ancienne gloire de l’acting des années 60, Lui Kei revenait dans le giron de la Shaw Brothers en cette année 73. Il signait notamment le scénario et la mise en scène de Sexy Playgirls (1973), un film à connotation érotique et connu également sous le titre français : L’Emprise du sexe.
Pei-Pei (Li Ching) apprend que sa sœur, Shan-Shan (Chen Ping) est atteinte d’une leucémie. Son patron, Jia (Lok Gung) se propose de l’envoyer aux États-Unis pour la faire soigner. Pei-Pei se souvient alors de la promesse qu’elle avait faite à sa mère (Lai Man) sur son lit de mort : s’occuper de Shan-Shan quoi qu’il en coûte. Pei-Pei accepte la proposition de Jia. En contrepartie, elle est obligée de se marier avec lui. Pei-Pei ne tarde pas à découvrir les perversités sexuelles qui habitent Jia. Un soir, sous l’emprise d’un alcool de l’extase (espèce d’alcool du viol), elle se fait violer par un inconnu (Lam Wai-Tiu) qui travaille pour Jia…
Se spécialisant dans le film aux mœurs légères, c’est tout naturellement que Lui Kei enfantait Sexy Playgirls. Pourtant, on ne peut qualifier le film d’ouvertement érotique. Comme il est difficile de dire de lui qu’il est réservé uniquement à un public adulte. Il reste dans la droite lignée des films « rose » de la Shaw Brothers. L’ensemble reste bien chaste avec peu ou pas de nudité. Ici, au détour d’une scène furtive, c’est Chen Ping qui donnera de sa personne en affichant sa poitrine. Dans ce type de production, il faut plus chercher l’acte simulé et ce que renvoient alors ces scènes. Outre la scène de viol marquante du début de métrage, c’est surtout Li Ching s’adonnant à plusieurs partenaires qui interpellera. Pis encore avec la scène finale, espèce de piège à ciel ouvert se refermant sur nos actrices et qui se joue alors dans une débauche de lubricité sexuelle et de violence physique.
Lui Kei joue avec Sexy Playgirls une partition proche du mélodrame et du thriller psychologique. A travers le personnage de Pei-Pei, il narre l’histoire d’une jeune femme qui tombe dans la folie et l’auto-destruction. Tout d’abord, elle manipulera à ses fins la relation de Shan-Shan et Tao Sha (Chung Wa), un chanteur dont elle écoute la chanson en boucle. Puis par la suite et au gré des circonstances, sa déception amoureuse entérinera sa psychologie en branle. Lui Kei signe alors un climax final où tous sortiront victimes. Une fois le film terminé, on ne peut s’empêcher de trouver Sexy Playgirls plat et redondant, sentiment éprouvé tout du long. L’auteur gère mal les mécanismes propres à la tension. De plus, Li Ching manque cruellement d’inspiration pour camper ce rôle principal. Elle en devient irritante.
Dans le registre des films « polissons » de la Shaw Brothers, Sexy Playgirls est un film mineur qui peine à maintenir le spectateur aux aguets.
Merci à Kenzumi (VCD)