Les deux épéistes, l’empoisonneuse et le tyran
Signé par Poon Man-Kit, Le Poison et l’Épée (1993) alias The Sword of Many Lovers ou Sword of Many Loves est un wu xia pian surfant alors sur le succès d’un Swordsman 2.
Après avoir fait la connaissance de Ching (Michelle Reis), experte dans l’art des poissons Wu (Leon Lai Ming), marchand et descendant d’une lignée d’artistes martiaux s’oppose à Fung (Elvis Tsui Kam-Kong), un tyran qui réclame la mort d’une famille. Après l’affrontement qui voit la mort de son père adoptif, Wu prend la route et croise le chemin d’une épéiste, Yuen (Sharla Cheung Man) qui lui vole ses affaires…
Avec Le Poison et l’Épée, Poon Man-Kit met en scène un récit surréaliste dont les ambiances sont à la fois obscures et légères. Le première prenant petit à petit le pas sur la deuxième et sur ses personnages haut en couleur. Il signe dès lors une tragi-comédie nerveuse aux chorégraphies d’actions survoltées. Au milieu de ce marasme violent et sanglant, l’auteur nous invite à ces romances impossibles s’engageant dans un ménage à trois. Ces scènes offrent aux spectateurs des passages amusants (parfois de mauvais goût), filmées non sans une certaine sensibilité. Surtout, Poon Man-Kit traite du thème de la filiation et des relations parents/enfants (maitres/élèves) ainsi que de la vengeance. De ce fait, on pourra souligner le sacrifice dont fait preuve une mère ou bien celui d’un père adoptif jusqu’aux rivalités entre anciens élèves (frères/sœurs adoptives). Sans oublier ce tyran interprété par Elvis Tsui qui affiche ouvertement une relation incestueuse avec son fils. Ce même personnage, faisant écho à un massacre passé devra faire face à une ascendance campée par l’un des personnages principaux et amenant avec lui la Mort. Le film est parsemé de ces liens difficiles communiquant des tensions familiales déréglées.
Loin d’être un film inoubliable, Le Poison et l’Épée n’en reste pas moins un morceau de cinéma aux qualités techniques indéniables et à l’esthétique travaillée (scène du mariage, le décor désertique). Nous sommes alors en présence d’un divertissement qui parvient à offrir, aussi macabre qu’il soit un spectacle populaire captivant.