Rats
A ne pas confondre avec le film de l’auteur italien Vittorio De Sica, Yesterday, Today, Tomorrow (1970) de Patrick Lung Kong est un thriller médical d’anticipation. Le cinéaste signe ici une nouvelle collaboration avec le producteur Wu Rong-Hua qui s’inspire grandement du roman La Peste d’Albert Camus.
Hong Kong est frappée par une épidémie qui touche un bon nombre de la population. Tandis que les autorités publiques tentent de stopper sa propagation, nous suivons une poignée d’habitants face à cette contagion.
Scénarisant lui-même son film, Patrick Lung Kong faisait de ce Yesterday, Today, Tomorrow un film-catastrophe venant troubler un Hong Kong moderne en plein expansion économique. Un Hong Kong qui sortait alors des troubles politiques de 1967, et où le mouvement ouvrier fut écrasé. De ce fait, le danger ne vient pas de l’extérieur mais bien au sein de la société hongkongaise même. Il n’y a qu’un pas pour y voir l’analogie à l’expansion de la pensée communiste. La force du propos, politique ou non est d’y percevoir la justesse dont fait preuve les autorités face aux dangers et interpelle grandement sur la capacité à combattre tout sinistre. Patrick Lung Kong semble offrir un discours de prévention. Aussi forte est Hong Kong, elle n’est pas à l’abri d’une catastrophe qui pourrait la mettre à mal. Avec Yesterday, Today, Tomorrow, Patrick Lung Kong s’emploie donc à créer un climat anxiogène qui joue énormément sur l’ambiance entre la paranoïa et les peurs viscérales, alors même que la population continue de vivre, tant bien que mal face à cette adversité qui les coupe du reste du monde. Dès lors, il nous montre différents portraits d’une population, tous campés par des acteurs concernés. La mise en scène se veut sobre et sans fioriture. L’auteur s’accroche avant tout à son propos tout en évitant certains clichés du film-catastrophe, bien qu’on n’échappe pas à un aspect mélo’ poussif.
Charcuté par la censure, Yesterday, Today, Tomorrow n’en reste pas moins une peinture réussie du Hong Kong de la fin des années 60, et une critique sociale qui souligne les changements sociaux-économiques, dont certaines conséquences sont néfastes.
Merci à valorasII (DVD)