Triangle
Unique mise en scène de William Cheung Gin (également co-scénariste et producteur), The Street Car Named Desire (1993) est un mélodrame à ne pas confondre avec Un tramway nommé désir (1951), titre original similaire. Les histoires sont éloignées l’une de l’autre.
Wah (Lawrence Ng Kai-Wah) est un membre de triade qui vient de sortir de prison. Il tente d’échapper à une vie qu’il n’a jamais souhaitée. Il accepte tout de même un travail de l’autre côté de la frontière. Il doit récupérer deux chinois du Mainland que la police recherche. A son arrivée, il tombe sous le charme d’une femme mystérieuse, Amy (Bonnie Fu Yuk-Jing). Des deux clandestins, il ne récupère que Ling (Grace Wong Wai) et rentre à Hong Kong. Cette dernière demeure alors chez lui tandis qu’il recroise le chemin d’Amy qui vit dans le luxe. S’engage alors une relation entre les deux…
The Street Car Named Desire est un film un peu bizarre qui a du mal à trouver une identité propre. Un constat qui serait la panache d’un pan de la production de l’époque. En effet, ce film de William Cheung Gin est agrémenté de quelques artifices attraits aux films d’actions avec triade ainsi que des pointes humoristiques provenant du malfrat-bouffon campé par Tommy Wong Kwong-Leung. Mais ce qui intéresse avant tout l’auteur c’est la romance. Une histoire d’amour torturée qui pourrait se décliner en un triangle amoureux : Ling aime Wah qui aime Amy. Les relations exposées sont passionnelles et désillusionnées. William Cheung Gin met alors en scène des séquences travaillées. Il y réalise donc un œuvre stylisée, notamment sur la photo (signé par Paul Yip Pak-Ying). Il s’en dégage un ton posé et sérieux dans lequel s’immisce un faux rythme. En filigrane, on assiste à des scènes bourrines où des malfrats règlent leurs comptes. Ce sera d’ailleurs le point d’orgue de cette production qui se déroule dans un entrepôt. Au menu : fusillades, explosions et tatanes. On retrouve pour l’occasion Billy Chow Bei-Lei qui vient donner un coup de main à nos protagonistes.
L’amour est au centre de The Street Car Named Desire, un sentiment qui amène la tragédie au sein de quelques individus : un ex-taulard qui aurait voulu faire des études alors que son père gangster voyait les choses autrement, une ex-flic devenue malfrate aimant mais pas aimée, une femme de caïd cocufiée qui cherche l’amour qu’elle éprouve pour son mari dans les bras des autres, un ex-caïd au bas de l’échelle du crime, etc… Il est dommage qu’il manque une écriture plus approfondie pour donner une dimension épique à l’ensemble. Il y a toujours une espèce de retenue de la part de son auteur. Sans ça, il n’y aurait pas grand-chose à reprocher à The Street Car Named Desire. L’histoire se laisse suivre, bien qu’il y ait quelques moments ennuyeux. Globalement, le récit est bien emballé. De plus, les interprétations tiennent le bon bout, même si, même si… le côté bouffon de Tommy Wong était franchement facultatif. On appréciera en particulier les dextérités martiales dont fait preuve l’actrice Grace Wong. Chapeau bas pour la femme brute de décoffrage et sensible qu’elle incarne à l’écran.
The Street Car Named Desire est une œuvre à la fois intimiste, dans cette façon de mettre en scène l’amour et commerciale dans cette façon de mettre en image le divertissement d’action. Pas un film majeur ou mémorable mais un film qui offre tout de même un certain intérêt.
Une spéciale pour l’attaque des prostituées au guidon de leur BMX et armées de cocktails Molotov. Grandiose !
Merci à Toto14 (VCD)