Drame, Epouvante/Horreur, Policier

Sketch (1983)

Beast(s)

Unique film de l’acteur Wong Ching qui se donne pour l’occasion un rôle de petite frappe, Sketch (1983) est un thriller policier qui met en scène le viol et le meurtre en série de jeunes femmes dans un coin reculé.

Après la perte de son enfant dans des circonstances tragiques, l’inspecteur Hank Chin (Newton Lai Hon-Chi) demande sa mutation dans un nouveau district. Alors que sa femme dépressive, Jun (Doris Law Pooi-Chi) peine à faire son deuil, Chin fait la connaissance de ses collègues sur une nouvelle scène de crime, le viol et le meurtre d’une jeune fille de 16 ans. Il fait alors équipe avec le sergent Chung Ng (Stanley Fung Sui-Fan) qui est natif des environs. En plus de cibler deux agresseurs potentiels, Chin découvre, non sans mal une localité refermée sur elle-même, et où une bande de jeunes voyous sèment la zizanie…

Co-scénarisé par Wong Chi et Chan Man-Kwai, Sketch est un slasher violent, à l’aura pessimiste et surfant sur une vague de films d’exploitations. D’ailleurs, il est intéressant de souligner que ce film fut produit par deux acteurs d’une Nouvelle Vague émergente sous les traits de Dennis Yu Wan-Kwong et Jeff Lau Chun-Wai. Deux producteurs à qui l’on doit des The Imp (1981), Coolie Killer (1982), Nomad (1982) et autre Marianna (1982). Surtout pour le premier dont on pourrait rapprocher Sketch de sa première mise en scène : The Beasts (1980). Les deux films partagent tous les deux un commentaire social sur les dérives d’une jeunesse. Mais aussi le lieu de l’action. Nous sommes dans des coins reculés où la population vit en vase clos, loin de toute urbanisation et d’une certaine modernité. Ici, la bande de jeunes gens de la ville piégée dans un environnement hostile de The Beasts fait place à un flic de la ville et sa femme traumatisée misent en scène par Wong Ching. Ils découvrent tous les deux un lieu à part aux vieilles croyances bien ancrées et notamment peuplé d’énergumènes : maniaques sexuels et voyous agressifs.

A travers des viols et meurtres sordides, Sketch développe une ambiance glauque. La mise en scène calibrée de Wong Ching condense à merveille le suspense jusqu’à cette scène finale d’une tension paroxystique. Mais avant d’y arriver, on découvre un univers singulier empreint d’une certaine folie, où des scènes sont intelligemment distillées pour renseigner le spectateur et l’impliquer. Pour un premier long-métrage, il y a une certaine maturité dans la réalisation et la narration. L’auteur fait d’une histoire simple un métrage captivant qui sait être brutal sans qu’on s’y attende. En effet, la bestialité éclate plus d’une fois à l’écran et joue avec les rebondissements difficilement prévisibles. Les acteurs y sont également pour beaucoup puisqu’ils parviennent à livrer des prestations pleines d’entrain. Mais ! Parce qu’il y a un « mais », le spectacle est quelque peu gâché dans sa dernière partie avec des facilités scénaristiques regrettables. Alors même que c’est une séquence réussie dans les sentiments communiqués. Et si les ficelles sont grosses, l’impact que représentent les situations vécues le fait oublier.

Sketch est un thriller de bonne facture. Il est difficile de ne pas l’associer avec une poignée d’autres à l’émergence future ainsi qu’à la déferlante de Category 3, comme sous-genre à part entière. On y retrouve tous les poncifs et l’inspiration qui en découlera. Un must-see.

sketch_peloche

Fiche du film.

Merci à Supavince (VCD)

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8 réflexions sur “Sketch (1983)

  1. Martin dit :

    bon du coup je zappe mon commentaire du Jeff Lau discuté ailleurs.
    donc a la revoyure j’ai pas été deçu comme c’est bien souvent le cas, le film a quand meme une certaine qualité cinematographique dans ses moments de tension (la photo est pas mal!). je me souvenais d’un truc plus foufou, alors que c’est finalement assez sobre. Après on peut se dire que le film aurait gagné a etre encore plus tenu (sans les motards losers, le twist à la con, voir meme le personnage de Stanley fung) .. mais c’est autant d’aspects qui constituent l’esprit meme du ciné HK.

    Le pitch du « tueur cinglé » qu’on retrouve dans qlqs films early80s plutot interressants .. Sketch, He Lives by night, Red Panther ,Heaven can Help, Night Caller

  2. Effectivement, travail de photo indéniable, entre les filtres rouge d’un côté et les filtres bleus de l’autre, sans oublier certains jeux d’ombres. Je pense notamment à la photo dans la séquence en forêt, de nuit.

    Après les choix des perso’, c’est un vaste débat. La bande de losers, c’est vraiment pour souligner le côté redneck. Des mecs paumés aux actions souvent irréfléchies. Il faut une opposition à notre personnage principal, une opposition parallèle au vrai Némésis du film qui joue la seconde intrigue. Ça respecte certains codes scénaristiques à l’image du personnage de Stanley Fung. Chose qui se fait moins maintenant, notre héros découvrant un univers qui lui est inconnu et qui en découvre les us et coutumes à travers un local, ici personnifié par notre acteur à moustache. Le film aurait été plus récent, il se peut que son personnage ait été moins présent, notamment trucidé en fin de première/début de deuxième partie. Tout ça pour dire que tu résumes la chose : « aspects qui constituent l’esprit même du ciné HK. »

    Sans ça, y a effectivement une thématique du tueur en série qui retranscrit pas mal de peurs tout en jouant la carte exploitation, c’est à dire du divertissement mais on sent quand même un mal profond à travers eux.

    • Martin dit :

      Plus qu’un reflet d’un mal-etre ambiant, c’est surtout la forme cinématographique qui me frappe, un pitch propice à un mélange des gens/tons assez moderne. Lo Kin a aussi fait qlq trucs similaires assez sympa dans le genre (Into The Night, Heartbeat100)

      • Est-ce que d’une certaine façon, nous ne sommes pas face à un cinéma qui singe alors le cinéma de référence, celui qui nous vient des states ? Et il jouerait ainsi de cette modernité pour mieux appréhender l’univers cinématographique qu’il dépeint, un référant…

  3. Martin dit :

    il est clair que le cinéma HK fin70/debut80 s’est enrichi d’influence extérieures qu’on ne retrouvait que peu avant. Faudrait que je matte des trucs comme Corpse Mania, Mysterious Lady Killer ou Murder on the Wedding Night, , voir si la SB avait tjs un balai dans le cul quand il fallait faire un film de ce genre. Et a y penser, la nouvelle vague avait aussi abordé de pitch similaire à sa manière bien distincte .. Love Massacre, The Secret, Butterfly Murders (faudrait voir ce que donnent les Thirteen de Patrick Tam tiens ..)

    Très rital l’affiche!

    • Faudrait aussi que je me les mate, tiens !
      (les Thirteen, c’est une influence plus européenne, un certain cinéma d’auteur comme il en existait en France avec la Nouvelle Vague FR. Je n’ai vu que deux épisodes, et tous les deux portaient un concept, tentaient une approche narrative différente, stylistique aussi, faudrait que je vois le reste, ça reste des travaux intéressants parce qu’ils portent avec eux la touche cinématographique de Tam)

      Très rital, en effet ! La SB avait le don de l’accroche mais malheureusement le fond ne suivait pas toujours. Ce foutu balai dans le cul…

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