Frères de sang
Johnny Wang Lang-Wei, metteur en scène du mythique film de la Shaw Brothers, Hong Kong Godfather (1985) signait à la fin des années 80 Bloody Brotherhood (1989). Ce film d’action rappelle quelque peu son premier, notamment dans sa scène finale cataclysmique. L’auteur y filme Andy Lau Tak-Wah qui immigre à Hong Kong et entre dans le crime organisé.
Cheung Ka Wah (Andy Lau) et Wai (Lam Wai) sont deux frères qui avec leur famille tentent de rejoindre Hong Kong en bateau. La mère meurt durant le voyage tandis que l’embarcation est interceptée par des gardes-frontières chinois. Ces derniers ouvrent le feu et tuent de nombreux immigrants. Wah parvient à s’échapper en plongeant dans la mer. Quant à son frère Wai, il est arrêté et envoyé dans un camp de travaux forcés. Recueilli par des pêcheurs, Wah tente de survivre tant bien que mal, tout en tombant amoureux de Kin (Irene Wan Pik-Ha). Après une altercation avec des racketteurs, il fait la connaissance de deux caïds : Tong Fai (Michael Chan Wai-Man) et Hoi (Shum Wai). Il se rapproche du premier et se retrouve, bientôt à devoir affronter le second…
Bloody Brotherhood pourrait être un énième film de triade. Et effectivement, il y a un peu de ça. On y retrouve tous les ingrédients d’une recette vue maintes fois sur les écrans. Une histoire lambda de clandestins qui ne parviennent à s’insérer dans la société. Une rencontre malfrate qui change leur vie et les voilà appartenant au monde de la pègre. Un univers criminel violent composé de bons et de mauvais. Un monde bipolaire dont les parties opposées s’affronteront sans ménagement. Ici, on assiste surtout à des combats pieds/poings. S’ils sont de qualités inégales, Bloody Brotherhood en fournit un quota respectable. On ne s’ennuie donc pas. Et à ce propos, le film de Johnny Wang parvient à garder un rythme constant. Les scènes plus posées ne sont pas rébarbatives comme c’est souvent le cas dans ce genre de production. Un bon point qui a son importance. Du coup, le spectateur est enclin à suivre cette histoire qui prend tout son sens et son intérêt lorsque le personnage de Wai refait surface. Autant vous dire, sans rien révéler de l’intrigue que les circonstances seront tragiques. Cet aspect noir de l’œuvre est réussi et offre une tension palpable. Une tension et un suspense qui se renforce lorsque Wah qui a fui quelques années plus tôt HK pour Taïwan revient sur l’enclave britannique pour faire couler le sang de la vengeance. Les deux frères qui jusqu’alors étaient séparés se retrouveront. Des retrouvailles heureuses mais lourdes de conséquences, compte tenu de la situation. Des retrouvailles propices à se venger et ainsi offrir un morceau spectaculaire ensanglanté.
Film de gangsters d’action qu’on pourrait qualifier de commun, classique dans le fond comme la forme, Bloody Brotherhood n’a semble-t-il rien de nouveau à proposer. Si ce n’est, tout de même l’intrigue entourant la fille de Wah et le destin qu’il partage avec son frère. On parviendra également à s’émoustiller avec ses quelques pointes brutales jusqu’à ce final digne de ce nom. Un chaos meurtrier complètement désespéré.
Merci à Toto14 (DVD)