Le convoi
Tourné entièrement en Corée, Postman Strikes Back (1982) est le troisième long-métrage de Ronny Yu Yan-Tai. Ce film d’aventure se situe dans un contexte historique, celui de la République de Chine.
Hsiu (Eddy Ko Hung) approche un facteur (Leung Kar-Yan), un voleur (Yuen Yat-Choh), un dynamiteur (Fan Mei-Sheng) ainsi qu’un aventurier (Chow Yun-Fat). Il les engage pour livrer plusieurs boîtes au contenu inconnu. Elles sont destinées à un chef de guerre vivant dans la montagne. Sur le chemin, ils sont rejoints par deux jeunes femmes et sont attaqués à plusieurs reprises. Ils se questionnent alors sur le contenu des boîtes…
Cette production de Raymond Chow Man-Wai, Postman Strikes Back pourrait se résumer à un western kung-fu. Son action essentiellement martiale est présente tout du long, ancrée au sein des mécanismes dramatiques qui se mettent en place et qui se jouent dans des décors naturels. Ce long-métrage se révèle à nous comme un film d’aventure bon enfant où l’on recrute des hommes pour une mission jusqu’à virer dans la tragédie pure. On présente alors les personnages dans leur univers respectif. D’ailleurs, avec le recul des années passées, on y découvre un casting de poids où les acteurs offrent des prestations de taille. On parvient à s’attacher à eux bien qu’il y existe un mauvais équilibre entre ces mêmes personnages. Si l’intrigue est simple et sujette à offrir un spectacle qui donne à voir, force est de constater que le film manque de moyen. Du coup, Ronny Yu semble, quant à lui manquer de réelle ambition, notamment celle de trouver une forme de système D qui puisse donner une tout autre dimension à cette œuvre cinématographique. Chose plutôt paradoxal lorsqu’on se penche sur ce Postman Strikes Back. Aussi mal fichu qu’il puisse être, il se montre original dans ce qu’il a à offrir. Il est parsemé d’idées que l’on pourrait qualifier de manga-esque et qu’on imagine notamment inspirées par des œuvres japonaises comme Babycart. On pense à cette attaque sur la glace où les assaillants ont chaussé des patins. Il y a également ces deux tueurs qui combattent l’un sur l’autre ou bien encore des idées comme le « rat dynamiteur ». On n’oubliera pas de souligner que le film met en avant la pratique du ninjitsu. De ce fait, on ne s’étonnera pas de voir cet art ninja à l’écran et livrant du même coup des scènes qui valent le coup d’œil. Globalement les chorégraphies des combats du film se tiennent. On a vu mieux mais aussi beaucoup moins bien en la matière. Mais les idées dans un film ne sont pas tout. Le film a mal vieilli, c’est un fait. Il est jonché de défauts. Le rythme est mal géré. Narrativement, il est brouillon. Mais au-delà de ces faits avérés, Postman Strikes Back parvient à divertir et proposer une aventure humaine qui rappelle fortement les grandes heures de la Shaw Brothers.
Si Postman Strikes Back est loin d’être réussi de bout en bout, il se dégage tout de même un charme indéniable. Et l’on regrette alors que les conditions de tournage aient sans doute pris le pas sur le reste (sans lui trouver d’excuse !).
A noter que Stanley Kwan Kam-Pang est crédité comme l’un des assistants-réalisateurs.
Merci à tap (DVD)