Wolves
Sentenced to Hang (1989) de Taylor Wong Tai-Lo jouit d’une bonne réputation dans l’industrie cinématographie hongkongaise, particulièrement chez une partie des fans. D’une part, parce qu’il est, d’après beaucoup comme le premier film à recevoir une classification Category 3 à sa sortie en salle. D’autre part, parce qu’il s’inspire de faits réels qui prirent place au début des années 60, avec notamment l’exécution à mort par pendaison des kidnappeurs, condamnation à mort abolit en 1966.
Li Wai (Tony Leung Ka-Fai), Ma Yee Charn (Kent Cheng Jak-Si) et Tang Chi King (Elvis Tsui Kam-Kong) sont trois amis d’enfance qui se sont juré fidélité. Ils sont tous de petits employés qui tentent de gagner leur vie tant bien que mal. Alors que Wai est licencié par Wong Kam Shek (Tien Feng), son riche patron, les trois amis décident d’enlever son fils (Stuart Ong) contre une rançon. Les choses tournent mal et ce dernier décède. Sans en informer la famille, les trois amis essayent de récupérer la rançon sans succès. Ils se retrouvent face à des refus catégorique jusqu’à ce qu’ils décident de cibler Wong Kam Shek à son tour…
Sentenced to Hang est librement inspiré de cette affaire connue comme « Le mystère des trois loups » (enfin dans une traduction approximative ou « L’Etrange cas des trois loups », ça marche aussi). Le producteur Stephen Siu Yeuk-Yuen co-écrit le scénario avec Johnny Mak Tong-Hung. Les deux hommes enfantent une histoire qui sait être à la fois drôle (ah la postiche), touchante et effrayante. Taylor Wong traite les évènements dans une veine réaliste. Il livre une mise en scène correcte créant des ambiances attrait aux thrillers et qui rendent le film captivant. La réalisation est d’ailleurs grandement aidée par le travail du directeur de la photographie, Herman Yau Lai-To. Aussi, l’une des difficultés de ce genre de production, lorsqu’on sait par avance de quelle façon les choses se concluent, c’est de rendre les choses attrayantes et faisant en sorte que le suspense soit maintenu. Le résultat est réussi d’autant plus que la musique est judicieusement choisie et les acteurs tiennent leur rôle respectif avec conviction. Ainsi nos trois acteurs principaux savent être convaincants. Ils campent des personnages dépassés par les évènements, des pieds nickelés du crime qui ne partaient pas avec de véritables mauvaises attentions. Ces derniers parviennent alors à être sympathiques dans leur dérive, et ce, malgré le fait qu’ils agissent dans des crimes crapuleux. On est pris dans cette spirale tragique avec ces Monsieur Tout-le-monde, complice de les voir rêver d’une meilleure vie. Et surtout complice de les voir s’enfoncer dans un destin lugubre. Le seul gros bémol résidera dans son dénouement. Si cette fin n’est pas dénuée d’intérêt, celle de la sentence capitale qui frappe, elle est toute de même plombée par un mélodrame qui en fait des tonnes. S’il y avait eu une certaine retenue, on aurait sans doute plus apprécié la chose. Du coup, les sentiments exposés sont surjoués, le récit développé y est lourd et redondant. Cette partie gâche quelque peu les qualités qu’additionnait le film jusqu’alors mais (!) elle offre tout de même des instants bien pensés, surtout déchirants et à la fois effrayants (l’échafaud).
Sentenced to Hang pose le jalon du drame à l’état-brut. Un drame qui nous entraine sur le terrain des émotions. Ce film de Taylor Wong se montre avant tout comme un film notable qui pose, par ailleurs une réflexion sur la peine de mort.
Notons qu’à un moment donné et alors qu’il revient à Macao pour visiter sa mère, on s’amusera de voir le personnage interprété par Elvis Tsui emprunter la « voie des voleurs ». Autre scène qui suit de près celle-ci, avec sa mère qui lui offre à manger son plat préféré : des oreilles de porc. Alors même qu’il vient de mettre sous enveloppe l’oreille découpée de l’une de leur victime. Appétissant !
Merci à Faringo (DVD)
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