Effet boule de neige
Second film de Yim Ho, auteur important de la nouvelle vague hongkongaise qu’il co-écrit avec Shu Kei, The Happenings (1980) narre, durant une nuit qui va chambouler leur existence à jamais l’histoire d’une petite bande de jeune gens.
Cream, King Kong, Kid, Monkey, Ah Ying et Peter Pan sont des amis qui prennent le temps de vivre, non sans une certaine insouciance. Lors d’une sortie en boîte de nuit, Cream vole une voiture pour que la petite bande parte en virée à travers la ville. Alors qu’ils n’ont pas un billet en poche pour payer leur essence, ils se retrouvent à braquer la station-service. Accidentellement, ils tuent un pompiste. Leurs ennuis ne s’arrêtent pas là…
The Happenings s’inscrit comme un film commercial à l’essence auteurisante. Le film décide de nous entrainer sur le chemin sinueux emprunté, bon gré mal gré par une bande d’amis. Le visage dépeint de cette jeunesse hongkongaise est celui de l’insouciance qui ne pense pas aux conséquences de leurs actes et encore moins au lendemain. Il est intéressant de voir que plus ou moins à la même époque, d’autres auteurs s’intéressaient à une partie de cette jeunesse qui ne trouve pas sa place dans la société, ou le plus souvent marginalisée comme c’est le cas ici. On pense notamment à Tsui Hark et à L’Enfer des armes (1980) ou bien encore à Patrick Tam Kar-Ming avec Nomad (1982). S’il y a bien une chose qui caractérise ces films, c’est le destin violent qui attend nos jeunes protagonistes. On comprend très vite, au vu de l’accumulation des ennuis que nos personnages principaux ont atteint, sans doute sans en prendre conscience le point de non-retour. Ils sont dans l’impossibilité de revenir en arrière comme ils n’ont l’esprit de dire stop à leurs agissements et ainsi mettre un frein à leur cavalcade. Ils sont pris dans un engrenage qui les oblige à être sur le qui-vive en continu, résoudre un état de crise permanent, sans pouvoir souffler un instant, et prendre ainsi un recul qui pourrait leur être salvateur.
Ce qui commençait comme des moments emprunts de légèreté se transforment en une tragédie sans nom. Un point de rupture entrainant une série de problèmes dans laquelle la violence prend le pas alors que le sang coule inexorablement. Cet état de survie permanent auquel on assiste est le pathétique d’une situation incontrôlable, parfois grotesque où parviennent tout de même à subsister certaines pointes humoristiques. Avec des films comme The Happenings, il est toujours difficile d’assister à la « mise à mort » de de ses personnages, ici immatures et dépassés par les évènements. Ils ne sont pas innocents, c’est un fait mais ils ne méritent pas non plus ces bouleversements, eux qui prenaient la vie comme un jeu sans en voir les causes et les conséquences. Le spectateur attend donc ces moments où le glas sonnera pour eux. Yim Ho use à bon escient de technique qui renforce le suspense. Quand ? Où ? Comment ? Voilà les interrogations qui planent au-dessus de nos protagonistes comme destin funeste.
A travers The Happenings, Yim Ho semble nous dire qu’il est impossible pour la jeunesse d’aller à l’encontre de leur destin et du monde qui les entoure. On assiste donc à une violence de la société plus que symbolique. Ce portrait, véritable expérience cinématographique se montre à la fois captivant et terrifiant.
Merci à dwight (DVD)
Bien déçu par celui là, on retrouve le style balais-dans-le-cul cher à la SB 😦
Si je dis pas de connerie, la BO a largement pillé Tangerin Dream
http://www.youtube.com/watch?v=zoXrN4XSabI (je crois que c’est ce titre là, de mémoire)
« le style Balais-dans-le-cul cher à la SB » ? Tu trouves ? Roh t’es vache. J’ai pas trouvé. Vrai que ça se cherche un peu et qu’il est difficile de prendre le pas sur le carcan SB mais je trouve que ça allait et puis le sujet m’a bien plu.
Pour la BO, je pense que t’as fait mouche et si ce n’est pas ça, eh bien ça y ressemble vachement. Pas inintéressant Tangerin Dream. Je ne connaissais pas.
je sais pas, je le trouve surfait ce film, le ton nihiliste forcé, ça essaie de se donner un genre sans jamais vraiment y croire;. Ce bon Yim aura trouvé un style bien plus personnel par la suite.