Sous les apparences
Avec Death Duel (1977), Chu Yuan (également scénariste) met en scène pour la première fois dans les rôles principaux Derek Yee Tung-Sing et Candice Yu On-On, deux étoiles montantes de la Shaw Brothers, et ce, à grand renfort de stars pour les épauler.
Un artiste martial de renom surnommé « Le Troisième Maître » fuit une vie faite de défis et de combat. Il se fait oublier en se faisant passer pour un homme ordinaire. Très vite, son passé le rattrape alors qu’il tombe amoureux d’une prostituée…
La réputation, les apparences et le désire d’une vie ordinaire sont l’essence même de cette adaptation d’un roman de Gu Long. Death Duel nous narre la difficile vie d’un sabreur hors pair qui passe son existence à être défié pour combattre. Une vie qui se résume à des affrontements pour la gloire et la réputation. Dès lors, on peut comprendre le héros qui recherche une vie ordinaire, loin de toute rivalité. Pourtant, Chu Yuan nous montre que même la vie des gens ordinaires n’est pas exempte de difficulté. Il y baigne la même noirceur, le même fatalisme désenchanté et la même cruauté.
Death Duel c’est aussi les apparences. Qui peut bien se cacher derrière ce bûcheron ou bien cet employé d’une maison close ? Chaque individu peut cacher un savoir martial. Un sabreur qui fuit une vie faite de provocation belligérante recherchant alors une vie paisible. En talentueux metteur en scène qu’il est (était), Chu Yuan réalise une œuvre maîtrisée, orchestrant parfaitement les participations comme celles de Ti Lung (et son bout de bois), Lo Lieh (et sa peinture faciale spéciale) ou bien encore de David Chiang Da-Wei (sans rien révéler de lui). Du beau monde épaulant un Derek Yee qui porte déjà en lui cette aura que confère un héros damné, condamné à errer.
Si Death Duel se montre comme un bon divertissement avec ses acteurs débutants et confirmés qui donnent à voir, des scènes de combats correctement chorégraphiés et une narration tout aussi correctement ficelée, il n’échappe pas à un certain ridicule. Ridicule qui en fait par ailleurs et d’une certaine façon tout son charme. Il faut notamment voir notre héros affronter des frères jumeaux avec pour seule arme une branche de bambou qui ne casse pas aux contacts des lames d’épée (??! OK le bambou plis mais ne casse pas). C’est aussi pour cela qu’on apprécie ce Death Duel, à l’image même de ces films décomplexés aux costumes kitschissime (dont il fait parti). Un film qui ravira les aficionados du film de sabre, c’est certain.