Histoire de sang
Dans Crime Story (1993) de Kirk Wong Chi-Keung, l’inspecteur Chan (comme Jackie Chan) est un flic de la police de Hong-Kong. Il a pour mission de protéger Wong, un riche homme d’affaire (Law Kar-Ying) qui suspecte des malfrats de vouloir le kidnapper. Chan ne parvient pas à empêcher l’enlèvement qui se fait dans le sang. Il se met en quête de retrouver Wong à tout prix.
Crime Story est un film policier qui prend son inspiration dans une histoire vraie. Jackie Chan tente de retrouver le millionnaire Wong, interprété par Law Kar-Ying, vu dans Bons Baisers de Pékin (1994). Acolyte de Stephen Chow, il joue ici l’un de ses premiers rôles au cinéma. Les membres du kidnapping à l’origine de ce fait divers ont notamment été aidé par un flic corrompu joué ici par Kent Cheng Jak-Si qu’on a pu voir notamment dans The Club (1981). Jackie Chan interprète un personnage « rare » dans sa palette d’acteur, aussi rare que le film en lui-même lorsqu’on regarde de près sa filmographie. Avec Island of Fire (1991), Crime Story est un film à part entière. A la fois dur et profondément violent dans cette description de la réalité.
La petite anecdote du tournage veut que Jackie Chan vire Kirk Wong justement à cause de cette violence (ou ce baiser échangé avec Ken Lo Wai-Kwong ?). Il n’est un secret pour personne que Jackie Chan renie ces deux films qui ne vont pas avec son image lisse et grand public sur laquelle il fait son commerce. Il s’agit du coup de savoir quelles scènes sont attribuées à l’un et l’autre, même si l’on peut aisément se faire une idée au vu de l’action répandue tout du long. Crime Story est donc un bon polar comme le cinéma de HK sait en produire. Ce film s’inscrit dans une noirceur typique des films qui furent réalisés à l’approche de la rétrocession de Hong Kong à la Chine. On sent un profond pessimisme, une atmosphère lourde et emprunte d’une brutalité extrême.
La réalisation enragée participe à faire de Crime Story un polar de référence avec des acteurs qui assurent. Pour ma part, la partie se déroulant à Taïwan est l’une de mes préférées avec la scène d’introduction où Chan est en prise avec un gang de braqueur armé jusqu’au dent. On pourra se lamenter que Jackie Chan fit retirer plusieurs scènes jugées « scandaleuses » par notre protagoniste, elles auraient sans doute pu renforcer le côté délire haletant et sans borne de l’œuvre de Kirk Wong.
(capture réalisée à partir du DVD édité par Sidonis, ouais je sais)